29 mars 2010

Comedia dell Arte au travail

Son Excellence la Professeure Dr. Bougnong Boupha, Directeur de l’Institut National de Santé Publique, députée à l'Assemblée Nationale, m’appela un jour: elle m'avertissait qu’elle allait m’inviter pour le grand colloque international sur l’éthique médicale qu’elle organisait avec le soutien du coordinateur régional du projet, le Dr Frédéric Gay. Elle me fit comprendre que la présence du coordinateur n’était pas encore certaine et que - dans l’éventualité uniquement de son absence - elle voudrait que j’accepte d’assister au colloque en tant que représentant local du projet régional de l’Union Européenne. Je lui signifiai que je n’y voyais pas d’inconvénients pourvu naturellement qu’on ne me demande pas de remplacer le Dr Gay dans ses fonctions, puisque je n’y connaissais rien en éthique médicale dans la recherche et qu’il s’agissait d’un parterre d’experts internationaux. Naturellement, en aucun cas je ne pourrai faire une déclaration devant ce parterre. Satisfaite, elle me remercia et il était donc convenu de faire ainsi. Au jour dit, le coordinateur ne put venir du à un empêchement de dernière minute, et SE le Prof. Bougnong m’appela donc à la rescousse pour représenter le projet lors de la cérémonie d’ouverture. Lorsque j’arrivai sur les lieux de la cérémonie, elle accourut à moi, me remercia d’être venu et me fit assoir précipitamment à ses cotés à la table d’honneur …et me demanda de livrer le discours d’ouverture du colloque! Panique.
J’eus donc à peine 5 minutes, pendant que la salle finissait de se remplir, assis à la table d’honneur face à un parterre d’une centaine d’experts, pour gribouiller quelques idées-forces d’un discours totalement improvisé sur un sujet pour lequel je n'avais aucune compétence! Sueurs froides...
Je me rappelai soudain d’une chose ; plus un orateur est mal à l’aise sur le podium et plus l’audience est mécontente… Alors, c’est avec un semblant d’assurance je me lançai dans un petit discours d’ouverture des plus classiques. Je ne me souviens plus du tout de sa teneur, simplement que quelques uns de ces experts étaient venus me féliciter à la fin de la cérémonie; politesse diplomatique sans aucun doute. L’expérience en tout cas de cette improvisation, haute voltige sans filet, m’aura marqué. Plus tard, je me suis retrouvé en plusieurs autres occasions dans ce genre de situations périlleuses, et j’avoue que je ne m'y sens jamais à l’aise, mais j’ai bien compris que dans certaines circonstances, dans certaines fonctions, il faut savoir assumer la tête haute quoi qu’il arrive…

[Période: Union Européenne (2000-2003), Vientiane, Laos, Directeur du projet de lutte contre la malaria.]

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